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 Jamais deux sans trois? [Pv Conteur][CLOS]

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Pan
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MessageSujet: Jamais deux sans trois? [Pv Conteur][CLOS]   Jamais deux sans trois? [Pv Conteur][CLOS] EmptyMar 22 Nov - 6:43

Je cours. Il fait noir et j'ai froid. Je continus de courir, car ma vie en dépend. Je n'en sais pas plus. Je cours, sans m'arrêter, jusqu'au bout de mes forces. J'ai les poumons en feu. Littéralement. Je vois les petites flammes s'échapper de ma poitrine, mangeant ma chemise au passage. Je me stoppe pour les regarder, parfois, j'y vois des visages. Ils sont multiples, dès que je connais, d'autres qui me sont inconnus. Je vois un vieux dans mon très ancien village, je vois un homme blond qui me salut de la main, je vois des femmes aux cheveux roux qui dansent...Puis les flammes grandissent subitement et me brûlent jusqu'au os. Et je me réveille. Un hurlement aux lèvres que j'étouffe d'une main rapidement.

J'aime beaucoup le matin généralement, mais ceux qui précèdent un cauchemar me pourrissent généralement la journée, il ne se passe jamais rien de bon quand je fais des cauchemars. Lentement je m'étire, tirant sur tous les muscles possibles pour les réveiller. Puis je me glisse dehors, par le petit tunnel que j'ai aménagé dans les livres. Au passage, j'attrape ma chemise, mon pantalon et mes bottes, ma ceinture ne me quitte jamais, même la nuit. Il fait parfois chaud la nuit à Atlas et j'ai pris l'habitude de dormir sans habits. Un jour, Lily voulait me réveiller en pleine nuit pour m'embêter, elle a été drôlement surprise. Elle ne vient plus la nuit maintenant, mais dans le doute, je ne mets pas de vêtements.

Rompu par l'habitude, je m'habille en quelques secondes à peine en remontant le tunnel. Dehors, je peux me lever enfin. Je m'étire une seconde fois, j'aime beaucoup m'étirer. Je pose mes yeux sur mon Atlas que je chéris tant et mes idées noires de la nuit s'envole soudainement. Il n'y a rien de mieux que les livres pour remonter le moral. Je repère un livre, tend mes muscles et d'un bond habile, enjambe un trou de plusieurs mètres de profondeur et atterris sur un large livre que je soupçonne être un dictionnaire. Assis dessus j'ai le bras juste assez long pour prendre l'ouvrage qui m'intéresse. C'est un ouvrage assez détaillé sur les Dragons. J'aime beaucoup les Dragons. Je n'ai jamais eu la chance d'en voir un, mais je ne désespère pas, l'espoir fait vivre.

Mais je n'ai pas envie de lire. Mon esprit est finalement trop embrumé de cauchemars, il faut que je vide la tête. Je me lève d'un bond et repose doucement le livre en lui promettant de revenir le lire. Il faut toujours être aimable avec les livres. Je prends une seconde à peine pour voir le chemin que je vais emprunter et je fonce. Rapide comme l'éclair (au chocolat dit souvent Lily, mais on s'en fiche) je saute de livre en livre, courant sur quelques mètres puis reprenant mes sauts. Parfois, je dois me baisser subitement, il y a partout des livres un peu vicieux qui tentent de me bloquer le passage, mais je les connais trop bien. J'arrive près d'un trou. Cette fois-ci, je ne saute pas, je m'y laisse tomber en préparant mes chevilles à accuser la réception. Ça fait toujours un peu mal, mais cela vaut le coup.

J'avance encore pendant un bon quart d'heure dans une véritable forêt de papier, repoussant trop souvent à mon goût, des feuilles de papier venues se plaquer sur mon visage et mon corps. Comme l'indique son nom, c'est une vraie jungle ici, mais je sais depuis longtemps où trouver les jolie clairière où un plafond que je ne vois jamais laisse passer de grandes raies de lumière. Je pense que ces endroits sont les plus beaux d'Atlas.

J'y arrive enfin. Je suis essoufflé mais l'endroit qui s'offre à moi me fait toujours oublier ce détail. Un sourire béas se trouve sur mes lèvres, j'ai conscience que je suis un peu ridicule comme ça mais qui ne le serait pas ? Un grand soleil éclaire l'endroit est plein d'oiseaux de papier (des origamies m'a dit Katter) coloré volettent autour d'un arbre. On trouve parfois des arbres à Atlas, je pense qu'ils viennent des livres, car jamais un véritable arbre ne pourrait survivre ici. Mais cela m'importe peu. Je sautille jusqu'à l'arbre et s'assoie à ses pieds. Je remonte mes genoux contre ma poitrine et les entours de mes bras. Le spectacle peut commencer. Les oiseaux aussi se stoppent en attendant qu'un des livres s'avance.

Celui là, a une couverture de cuir craquelée sur laquelle des lettres d'or sont tracées. Je découvre le titre avec un plaisir si évident que le livre glousse. "Les Dragons" . Doucement il s'ouvre, laissant à tout le monde -enfin surtout moi- le plaisir de sentir ses pages jaunies par le temps. Je jette un coup d'oeil à mes mains, elle tremble d'excitation. Le spectacle commence.

Le dragon est immense, il doit bien faire cinq mètres de haut et huit de long. Ses écailles rouge sang luisent doucement sous la lumière, creusant les sombres de ses muscles saillants. Sa tête effilée aux yeux jaune se pose sur moi et je retiens mon souffle. Sa gueule s'ouvre un peu, laissant entrevoir de longues dents pointues. Je n'aimerais pas me faire manger par un Dragon... Je n'aimerais pas me faire manger tout court. Il fait quelques pas et le sol tremble un peu sous son poids. D'un geste souple il tend sa tête vers le ciel et mon sourire s'agrandit. Il étant ses ailes. Elles sont membraneuses, tout aussi rouge que le reste de son corps et de petites griffes sont présentes à chaque extrémité de ses os. Il fait jouer les muscles de son dos un petit moment et s'élance. Il poussa sur ses pattes arrières et fit un formidable saut qui ne se termina pas, il avait étendu ses ailes. Je voyais les muscles de son dos se tendre et se détendre au rythme des battements. Puis, arrivé si haut que je ne le voyais qu'à peine, il disparut dans un nuage de petites paillettes d'or.

Je courus jusqu'au livre pour lui faire un éloge qu'il accepta en se dandinant puis il partit se reposer. Je me retrouvais maintenant seul en compagnie des oiseaux et une musique lente et triste se fit entendre. Je connaissais les paroles. Ne me demandez pas comment, je n'en avais pas la moindre idée, mais je me mis à chanter dans une langue que je n'avais jamais entendue et pourtant je comprenais tout.

" Vous n'avez réclamé ni gloire ni les larmes
Ni l'orgue ni la prière aux agonisants
Onze ans déjà que cela passe vite onze ans
Vous vous étiez servis simplement de vos armes
La mort n'éblouit pas les yeux des Partisans

Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
L'affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu'à prononcer vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants

Nul ne semblait vous voir Français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l'heure du couvre-feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE
Et les mornes matins en étaient différents

Tout avait la couleur uniforme du givre
A la fin février pour vos derniers moments
Et c'est alors que l'un de vous dit calmement
Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont surviv-… "



Je me tus d'un coup. L'oreille aux aguets. L'oiseau sur mon genou se figea également, nos deux regards tournés vers l'entrée. Quelqu'un arrivait et je savais de suite que je ne l'aimerais pas. Finalement ma première impression était la bonne, j'allais avoir une journée pourrie à tous les coups.


Dernière édition par Pan le Mer 29 Fév - 18:55, édité 1 fois
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Le Conteur
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MessageSujet: Re: Jamais deux sans trois? [Pv Conteur][CLOS]   Jamais deux sans trois? [Pv Conteur][CLOS] EmptyMer 23 Nov - 19:44

Lire. Voilà tout ce que Le Conteur avait trouvé à faire en cette froide journée de début d'hiver à Dreamland. Le plafond blanc et brumeux de sa chambre le rendait malade. Toute la maison le rendait malade. Il avait besoin de s'occuper. Et de sorte à ce que cela lui soit bénéfique par la suite. Allongé sur son lit aux drapés pourpres, son araignée ayant revêtu les traits d'une jeune femme lui étant semblable en presque tout point se glissa jusqu'à lui, se penchant au-dessus de son visage fermé. Cherchant à comprendre les raisons qui troublaient l'esprit de son maître, il enroula ses doigts métalliques dans les cheveux roux du papillon et lui demanda les raisons de cette morosité plus accablante que d'ordinaire avant de s'allonger à ses côtés. Sans vraiment donner de détails, puisque son double les connaissait sans doute déjà, et marmonna faiblement pour lui faire comprendre son ennui. S'en suivi un échange à peine audible entre les deux alliés jusqu'à ce que le maître décide de se redresser, repoussant mollement les griffes d'aciers de l'insecte. "Je vais à Atlas", se contenta t-il de déclarer sans plus d'émotions. L'Araignée le retint pas la manche, lui demandant d'abandonner son corps ici pour se servir de sa forme astrale. L'Enfant Papillon avait refusé. Après-tout, il n'y avait que des bras cassés à Atlas... Personne pour lui faire du mal. Alors le grande rouge s'était contenté de déposer un baiser sur sa joue froide avant de le mettre en garde. Mais Le Conteur n'écoutait déjà plus....

Voilà donc. Nous le retrouvons, jambes joliment croisées, assit sur une pile de livres. Semblant suivre un ouvrage avec grande attention, il ne prêtait pas le moindre regard aux savants qui le regardaient avec effroi sans osé approcher. Et pour cause. Le corps inerte de l'un d'entre eux gisait aux pieds des livres, à côté de rouquin. Mort? Non, seulement évanoui... Ce petit parasite avait eu l'audace de tenter de s'attaquer à lui, prétextant que sa présence n'avait pas lieu d'être sur "l'île livre". Le papillon l'avait toisé de son regard le plus froid. De quel droit lui parlait-il sur ce ton?! Sans lui il ne serait sûrement même pas né! Il devait déjà supporter de lire entouré d'adultes, ce n'était certainement pas pour les laisser le toucher. Ses cheveux s'étaient soulevés autour de son corps menu et s'étaient enroulés comme un serpent autour du cou de l'ingrat. Il l'avait ensuite surélevé quelques centimètres au-dessus du sol, suffisamment pour le faire paniquer. Puis, lorsqu'il s'était enfin décidé à perdre connaissance, il l'avait relâche. Cette petite démonstration avait eu le mérite d'empêcher les autres de l'approcher de trop près. D'ailleurs... Lequel de ses idiots auraient-ils pu avoir envie de l'attaquer... Lui, l'éternel enfant aux grands yeux innocents et à la mine passionnée par son ouvrage... Oh... Oui, le vieux fou l'aurait tué s'il l'avait trouvé ici. Lui il aurait pu. Mais il ne savait pas et il ne le saurait certainement pas à en juger par l'expression craintive de ses disciples présents dans la pièce.

Le Conteur referma alors brutalement le livre, un sursaut sembla envahir l'endroit. Non, non, non! Ce n'était pas ce qu'il cherchait! Pas du tout! Comment pouvait-il trouver quoique ce soit dans cette satanée bibliothèque mouvante! Les livres semblaient faire exprès de s'éloigner sur son passage ou de lui foncer à la figure pour le déstabiliser dans ses recherches. Stupides ouvrages que voilà! Sans même prendre la peine d'adresser une formule de politesse au tas de pages inutiles qu'il avait dans les mains, il le reposa sur le dos de l'homme évanouit au sol et s'éloigna sans plus de cérémonie. Ce fut sans compter sur le livre qui, visiblement mécontent de l'attitude de son lecteur du moment, s'éleva dans l'air comme animé d'une volonté propre et vint cogner de toutes ses forces d'objet a priori inanimé dans le dos de l'enfant. Ce dernier vacilla en avant et, quelques secondes plus tard, il était déjà au sol, les visage rouge de honte et de colère. Il allait le tuer, il allait le tuer!! Plusieurs pouffement de rire mal étouffés lui firent tourner un regard noir vers l'assemblée qui ne se priva pas de se parer d'un sourire moqueur. Il devait absolument garder son calme, ce n'était qu'un bouquin, un idiot de bouquin mal-appris... Pas de quoi faire un carnage, et ce n'était pourtant pas l'envie qui lui manquait. Il se redressa alors sans prendre la peine d'épousseter sa robe crème et fila à travers la forêt de papier, bouillant de rage, attrapant brutalement le livre moqueur au passage. Pourquoi rien ne tournait comme il le désirait ces derniers temps bon sang?!

Il avait presque envie de pleurer, de faire un caprice devant cette situation qui n'allait qu'en s'aggravant... Ce coup mesquin était la goûte d'eau qui faisait déborder le vase. Et il se retenait avec peine de noyer Atlas sous une boue noire et dévastatrice. Il ne devait pas déclarer une guerre, c'était inutile. Pas qu'il doutait de sa victoire, loin de là... Mais il savait que Katter chercherait à se venger de lui jusqu'à la fin de ses jours... Et il n'avait pas besoin d'un autre parasite dans les pattes. Surtout pas cet adultes insignifiant. Il avait l'impression qu'ils poussaient de partout ces derniers temps. Qu'ils infestaient Dreamland comme une centaine de petits cancers. Il serait bon de faire le ménage à l'avenir. Mais pour ça, il lui fallait le cœur. Pour avoir le cœur, il lui fallait de la force. Et pour avoir des forces, il lui fallait Ina. Le chien désobéissant. Non il ne devait pas y repenser, surtout pas... Ce ne serait bon ni pour lui, ni pour les habitants de cette partie du monde des rêves. Depuis quand avait-il de la pitié au juste? Depuis qu'il était entré dans sa vie. Tout le monde l'avait remarqué. Son Araignée la première. Si cette dernière ne disait rien, le rouquin savait parfaitement qu'elle n'appréciait pas ce changement. Elle l'avait toujours tant aimé, lui et sa cruauté infantile... Le voir changer de la sorte à cause d'un sale cabot ne devait pas lui plaire... Et si elle était jalouse? Il n'avait jamais songé à lui demander... En fait, il ne s'était jamais réellement préoccupé des sentiments que son compagne pouvait ressentir... Elle lui avait toujours paru si.... Froide, si lointaine... En tout, ça expliquait clairement l'animosité bien visible qu'elle semblait éprouver vis-à-vis du chien....

Le Conteur se tordit soudainement en arrière, évitant ainsi un livre qui volait vivement dans sa direction. Cet impertinent paierait... Ils paieraient tous... Il continua d'avancer à pas rapide, l'autre bouquin se débattant sous son bras. Oh non, il ne comptait pas le lâcher, pas maintenant. Se frayant un chemin parmi la forêt de papier, arrachant les "branches" au passage, il avançait tête baissée dans les feuillages artificiels, son regard entre la haine et la détermination embrasant le monde qui l'entourait. Quand une lumière lui paru enfin au bout de cet infernal tunnel, il plissa les yeux, croyant apercevoir de l'animation à l'autre bout. Finalement, il calma la marche. Le livre se débattit de nouveau et il serra son emprise dessus pour le forcer à se calmer. Sale bête... En avançant un peu plus, il pu enfin voir ce quelqu'un plus concrètement. Attendez une petite minute... Ce garçon.... Il lui semblait l'avoir déjà vu... Oui... C'était ce petit fuyard. Qu'avait-il vu en lui? Pourquoi lui seul l'avait-il vu? Il faudrait qu'il songe à le lui demander... Il semblait terrifié ce pauvre petit... De qui avait-il peur au juste? Il ne mangeait pas les enfants jusqu'à preuve du contraire...
Il avança doucement dans la clairière, son regard froid laissant présager le pire pour l'autre occupant de l'endroit. Puis, lorsqu'il arriva à sa hauteur, il s'empara du livre qu'il portait sous le bras et d'un geste presque mou, l'appuya doucement contre le front du garçon, déclarant d'une voix dénuée de toute animosité.


"Ce livre est mal élevé, tu devrais le bruler."
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MessageSujet: Re: Jamais deux sans trois? [Pv Conteur][CLOS]   Jamais deux sans trois? [Pv Conteur][CLOS] EmptyVen 25 Nov - 18:42

La phrase coula sur moi comme une bise glacée. Elle me transperça jusqu'aux os et fit dresser les cheveux de ma nuque. Comme je la déteste. Comme je la déteste cette voix qui s'insinue en voue comme un parasite. Je la sens qui glisse dans mes oreilles. Elle passe dans mes tympans. Elle arrive jusqu'à mon cerveau et résonne encore et encore. En une phrase, il a réussi à me sonner. Je tremble légèrement et mes ongles se referment violemment sur mes paumes, y imprimant de petits arcs de cercle qui se tintent de rouge presque immédiatement.

Je n'ai pas bougé jusque là. Lentement, je tourne ma tête vers lui. Chaque mouvement de mes muscles est devenu un supplice tellement je sais ce que je vais voir. Sans le voir, je sais déjà comment il sera. Avec ses boucles immondes, sa silhouette si menue, si menue qu'elle se casserait au premier coup. Il sera bradé de rubans ou de dentelles, d'atours encombrant et ostentatoire en tout cas. Et ses yeux. Ses yeux. Ces yeux. Ces yeux déteint. Ses yeux qui semblent être une porte sur un puits noir. Un puits sans fond, un gouffre, un abîme. Mais pas un simple abîme, c'est encore trop peu pour lui. C'est un gouffre de douleur. De haine. De remords aussi je crois. Mais la colère avant tout, une rage froide et furieuse. Une bête sauvage tellement enfermé qu'elle s'imagine sans y parvenir. Et elle hait. Encore et encore. Ce que j'ai devant les yeux, c'est un corps qui marche à la haine.

Je n'ouvre pas la bouche, je n'en ai pas besoin. Toute ma peur est dans mes yeux. Ma peur, mon mépris aussi. C'est rare. Et ma pitié aussi. Je n'y peux rien. Mais cette noirceur qui me glace, qui est comme un poignard dans ma chaire me fait pitié. Et cela me met en colère d'autant plus. Cette créature est sans salue. Elle n'a pas d'avenir et il ne faut pas qu'elle en ai un.

Je m'arrache à mon immobilité que je tiens depuis quelques minutes. Le temps semble figé de toute manière. Je me redresse avec une lenteur douloureuse, mais je n'ose pas aller plus vite, je ne veux pas le voir. Je ne veux pas voir toute son attitude de roi, ou de reine je ne sais pas très bien. Il me donne la nausée. Pourtant, si on réfléchit, je ne l'ai vu qu'une fois. Mais ce que j'ai vu me suffit.

Il est là. Une attitude nonchalante qui m'exaspère. Ici aussi il se prend pour le maitre. Mais, le savoir n'appartient à personne. Cette idée me rassure un peu. Mais que vient-il faire ici ? Nous nous fixons en chien de faïence un moment. La plaine de feuilles est figée. Les livres ont fermé leurs couvertures, l'arbre à commencer à rentrer sur lui-même, devenant plus petit au faire et à mesure. Les oiseaux de papier qui voletaient il y a encore cinq minutes, ou plus, ont disparu, laissant, sur la clairière, planer un silence lourd. L'ambiance ne me plait pas. Se rend-il compte à quel point le monde se refroidit en sa présence ?

Je n'ose pas ouvrir la bouche. J'ai peur de me rendre compte à quel point il est devant moi. Car si je parle, il me répondra. Et je veux encore, rien qu'un moment, croire qu'il n'est qu'une illusion. Mais ça ne marche pas bien évidemment. Il se tient devant moi, encore et encore.

-Qu'est-ce que tu fais ici ?

J'ai l'impression de hurler. Moi qui voulais paraitre calme et sur de moi. Ils sont rare les moments où je parle et encore lus où je cris. Je crois même que je n'avais jamais crié avant. Salaud. J'essaye de relativiser, je ne l'ai vu qu'une fois pourtant...mais son âme que je vois en partie à travers ses yeux... Je ferme un court moment les yeux pour retrouver mon calme et ordonner à mon cerveau de se taire. Quand je les rouvre, je suis calme. Je n'ai ressenti ce mélange de peur et de haine qu'une fois, quand j'ai vu un bout sous son masque pour la première fois. Je déteste m'énerver. Salaud.
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MessageSujet: Re: Jamais deux sans trois? [Pv Conteur][CLOS]   Jamais deux sans trois? [Pv Conteur][CLOS] EmptyLun 28 Nov - 18:38

Le Conteur sembla soudainement s'attendrir. Cela ne lui ressemblait pas. Pas du tout même. Mais allez savoir s'il était sincère ou non... Ce qui était certain, c'est que la voix du jeune garçon l'avait fait sursauté, et reculer de quelques centimètres... Est-ce qu'il avait eu peur? Non. Est-ce que ça l'avait surpris? Peut-être. Dans les deux cas, son attitude clochait. Il baissa légèrement la tête et lâcha son livre. Son teint allé et ses cheveux noirs lui rappellerait son Ina. Et son regard haineux lui faisait presque le même effet.... Mais non, ce n'était pas lui. C'était juste un petit garçon. Tout petit petit, un petit trouillard... Il sembla se détendre un peu et soupira doucement, sa voix quasi inaudible ne s'éleva même pas dans l'air. Elle semblait... Bloquée... Ne pas penser, ne pas penser, il était venu ici pour lire, pour se vider la tête. Pour anéantir toutes ces horribles angoisses... Car oui. Sous la haine, sous la colère, il y avait autre chose. De la peur, de la tristesse. Pourquoi criait-il? Pourquoi lui criait-il dessus?! La colère revenait toujours au premier plan. Elle s'insinuait dans ses veines comme un poison, créant une carapace pour cacher le reste, ce que personne ne devait voir. Il devait inspirer la crainte, pas la pitié. Alors il se recomposa un masque de froideur. Et cette fois rien ne passerait, rien! Il ne pourrait plus rien voir. Son regard semblait le mettre au défi de se confronter à lui, de se rebeller. Et il ne le ferait pas, Le Conteur le savait. Personne ne le faisait jamais. Sauf lui... Mais ce n'était qu'une question de temps...

"Je vais où je veux, et quand j'en ai envie."

Pas comme lui... Se chargea de lui rappeler une petite voix mesquine au fond de son crâne. Et pour une fois il ne s'agissait pas de l'Araignée. Oui, le rouquin avait tout de même un semblant de conscience malgré les apparences... Il s'inclina légèrement sur le côté et leva le bras pour effectuer quelques mouvements avec ses doigts et attirer une feuille de papier à lui qu'il plia de la même manière pour reconstituer l'un des petits oiseaux de papiers qui avaient fuient lors de son arrivée. Lorsque la petite chose fut terminée, elle commença à bouger lentement, puis s'envola, tournant autour du jeune garçon en face de lui. Il savait créer la vie oui, du moins... Dreamland le lui permettait. Et il permettait à Dreamland d'exister. Cela revenait au point de départ. Il était Dreamland. Son corps et son âme faisait partie intégrante de ce monde. Sans lui, tout mourrait, tout. Il faisait la pluie et le beau temps ici. Et si ça ne plaisait à personne, c'était tout de même ainsi. Quiconque désirait lui ôter la vue condamnait toute la population du monde des rêves. L'oiseau de papier se posa sur son épaule et s'immobilisa et sa voix fluette s'éleva à nouveau dans les airs.

"Tu es Pan n'est-ce pas? C'est comme ça que le vieux fou t'as surnommé... Je n'aime pas qu'on copie mes méthodes..."

Il fronça légèrement les sourcils à cette évocation. Katter pouvait bien faire ce qu'il voulait, il ne gagnerait jamais la course au cœur avant lui. D'ailleurs aucun ne gagnerait, il en faisait l'intime serment. Il baissa le regard vers le livre qu'il avait laissé tombé. Il n'avait absolument pas bougé. Visiblement, il l'avait bien remit en place et c'était tant mieux. Ou peut-être avait-il simplement été assommé par sa poigne, vas savoir... Ce n'était qu'un livre après tout. Au moins à La Maison de Poupées ils ne l'ennuyaient pas de la sorte, ils étaient bien dressés. Il devrait songer à rendre visite à La Reine un de ces jours, et peut-être même à Mock. Ce n'est quand connaissant ses ennemis qu'on arrive à anticiper le mieux leurs réactions. Il était cependant plus risqué d'aller les voir eux que de venir chez les savants... Et encore, le soit-disant maître des lieux ignorait sa présence ici. Il ne tarderait pas à l'apprendre et lorsque ça serait le cas, il allait devoir filer et vite. Si ses disciples était inoffensifs, lui pouvait se montrer dangereux face à son ennemi. Il n'irait pas jusqu'à le tuer, mais il lui ferait du mal, c'était certain. En attendant, le rouquin allait s'assurer que son petit protéger ne bougerait pas pour l'alerter...
Tenter de fuir en sa présence était un acte de pure folie, il espérait que le petit en était conscient. Oh il ne lui ferait rien de bien méchant. Il aimait les enfants... Mais il les préférait sages. Et dieu seul savait à quel point ceux de la maison pouvait être turbulents parfois... Mais il avait pris l'habitude. C'était devenu sa famille à mesure du temps. En avait-il eu une avant? Difficile de le savoir, il n'abordait jamais le sujet de son passé. Mais les rumeurs couraient, toutes différentes, libre à chacun de croire celle qu'il désirait. On le disait venir du monde des humains, d'autre prétendait qu'il était le premier habitant de Dreamland ayant décidé de créer d'autres personnes autour de lui. Mais jamais de certitude, pas une seule. Et personne n'avait réellement envie de savoir. Il détourna le regard du garçon, comprenant son malaise et s'accroupit, posant ses coudes sur ses genoux.


"Je cherchais un livre. Mais il y en a beaucoup trop ici, je ne trouve pas. Tu m'aiderais?"

Il inclina doucement la tête sur le côté sans pour autant s'attendrir. Il agissait presque comme avec Ina. A la différence notable que ce petit ne se rebellait pas. Et il n'avait pas le moindre intérêt pour le petit Indien qu'il avait sous les yeux. Aussi vif d'esprit soit-il. C'était l'affaire de Katter maintenant. Il avait choisi de jouer les nourrices et Le Conteur comptait bien observer comme il s'en sortait. Se mordillant doucement la lèvre inférieure, il regarda ses pieds un petit moment avant de daigner relever la tête vers l'autre, le visage neutre, le regard barricadé pour cacher son âme.

"Je ne veux pas te faire de mal, je ne touche pas aux enfants, mais tu dois bien le savoir, nh?"

Et pour une fois il était presque sincère.

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MessageSujet: Re: Jamais deux sans trois? [Pv Conteur][CLOS]   Jamais deux sans trois? [Pv Conteur][CLOS] EmptySam 3 Déc - 14:59

Il va ouvrir la bouche. Je sens tous mes muscles se tendres rien qu'à cette idée. Il est impressionnant, en une phrase il a déjà fait couler sur moi une langue froide de peur qui vient se nicher dans le creux de mon ventre. Il ne serait pas ce qu'il est, j'aurais presque du respect pour lui. Je le regarde en face, mais mes yeux se fixent juste aux dessus des siens, dans son grand front. Je n'ai pas le courage de le regarder en face. C'est lâche et je ne peux m'empêcher de me maudire pour ça.

"Je vais où je veux et quand j'en ai envie."


Évidemment. la réponse est tellement évidente que j'aurais dû y penser. Je suis en présence du Conteur quand même! Je plisse les yeux, dans le vague espoir de voir derrière ce masque. Bien sûr, je vois toujours un peu derrière, assez pour me terrifier et trop peu pour bien comprendre. Je suis terrifié et pourtant une petite bête que je connais bien me creuse le ventre, la curiosité. Qui était-il à la base ? Qu'a t'il vécut ? Pourquoi est-il devenu...devenu Ça ? Qu'est ce qui peut altérer à ce point l'essence de quelqu'un à ce point ?

Il continue à parler et chaque phrase sonne pour moi comme une insulte. Je fronce les sourcils, sur mes gardes. J'ai presque envie de montrer mes dents comme un animal pour le faire partir. Mais je me retiens. Ça ne servirait à rien.

-Il ne te copie pas ! Il a juste trouvé mon vrai nom !


La phrase à jaillie plus vite que mon cerveau et je n'ai pas eu le temps de fermer la bouche. La phrase résonne un peu, se cognant contre les parois de livres pour se perdre en un écho faiblard. Elle me semble sonner creux. Je suis ridicule. Je desserre mes poings qui se sont fermés d'eux-même quand j'ai crié de nouveau. Mes ongles ont laissé de petits croissants dans ma paume. Il faut que je cesse de m'emporter, ce n'est pas dans mes habitudes et cela ne doit jamais le devenir.

-Et je ne t'aiderais pas.

Plutôt mourir ! Ma voix me semble un peu rauque. Parce que j'ai crié ? Parce que je sais qu'il en faudra très peu encore pour que des larmes, de rage et de peur, se mettent à couler ? Mais je ravale vite les éventuelle gouttes salées qui auraient pu s'échapper par mes globes oculaires. Moi ? Pleurer ? Je n'ai presque jamais pleuré de ma vie et ce n'est pas devant lui que je vais commencer. Je sais, ça fait très présomptueux. Mais quand je souffre, j'intériorise. Peut être que ça va finir par exploser.

Mais une seconde ne s'est pas passé que je regrette mes paroles. Non, pas par peur de représailles. En fait, j'ai l'impression d'avoir commis une énorme erreur. Qui suis-je pour lui parler ainsi ? Il est si fragile, il ne pourrait jamais faire de mal. Ne devrais-je pas m'excu-...Qu'est-ce que je pense ? C'est ça l'effet du Conteur ? Je tergiverse mentalement et ça doit se voir sur mon visage. J'hésite. Je sais que je ne devrais pas pourtant. Il est très convaincant en fait. Mais, heureusement pour moi, j'ai Katter.

Je ferme les yeux, comme toujours quand je réfléchis ou que je fais de choix. Je pèse le pour et le contre, malgré le fait que je sache parfaitement qu'il me manipule. Je suis bien faible. Ça me frustre terriblement. Mais je sais mieux que quiconque que céder à la colère ne sert à rien. C'est peut-être mon seul avantage contre le Conteur d'ailleurs. Et ça suffit à me faire choisir. J'esquisse un sourire si fin que moi seul sait qu'il est là. Je ne tomberais pas dans le panneau. Pas cette fois. Du moins j'espère.
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MessageSujet: Re: Jamais deux sans trois? [Pv Conteur][CLOS]   Jamais deux sans trois? [Pv Conteur][CLOS] EmptyVen 9 Déc - 20:12

Sale gosse. Sale misérable petit mioche mal appris... Non, il n'était pas Ina. Il valait cent fois moins que lui! Ce sourire. Ce sourire presque absent... Mais pourtant il était là! Il le sentait! Mais il rirait moins, bientôt. Quand il se chargerait du cas d'Atlas... En fait, mettre le feu à un simple petit livre qui construisait cet univers suffirait à les mettre en garde suffisamment brutalement pour les mettre hors course. Ils se croyaient supérieurs avec leurs connaissances. Mais tout ce qu'ils savaient, c'était lui seul qui l'avait créé. Ils lui devaient bien un minimum de respect après-tout! De toute façon, ils préféraient certainement continuer de vivre à Dreamland plutôt que de finir éradiqué par les soins de La Reine... Il leur faudrait bientôt faire un choix. Et Le Conteur savait qu'ils ne refuseraient pas son parti sous le menace des machines. Katter refuserait de perdre ses précieux livres. Et le rouquin l'attendait au tournant. Il lui avait échappé mais c'était pour mieux lui revenir. A moins qu'il ne préfère s'en prendre au sale petit pour le faire plier... C'était une idée... Il devrait y songer. A cette pensée son regard s'illumina brièvement. Il imaginait diablement bien le visage décomposé du vieux fou s'il apprenait qu'il avait emprisonner son petit protégé... Mais il remettrait cela à plus tard. Il n'avait pas l'intention de déclencher un conflit pour le moment. Il préférait observer de loin et frapper au moment opportun... Enfin... Il saurait reconnaître le bon moment lorsqu'il s'offrirait à lui. Et il était prêt à se déchaîner pour gagner le cœur du monde des rêves.

"Ah oui....?"

Mais il va regretter. Non pas de ne l'avoir pas aidé. Mais de lui avoir parlé sur ce ton. Il demandait seulement un minimum de respect pour avoir créé ce monde et pour en plus lui avoir permis d'y vivre, était-ce trop demandé? Il ne l'avait pas maltraité d'une quelconque manière que ce soit, ce sale petit. Bien au contraire. Mais il avait vu au fond de lui. Et maintenant il ne reviendrait plus. Tant mieux! Il n'avait pas besoin de gamins irrespectueux chez lui. A moins de les donner à manger à son Araignée. Elle en serait certainement ravie.... Sans demander son reste, Le Conteur s'éloigna du garçon et s'approcha dangereusement d'un des murs composés de livres. Si il le cherchait de la sorte, il allait le trouver. Après tout... Il allait devoir se débrouiller tout seul puisqu'il refusait de l'aider... Le rouquin empoigna un livre, le regarda quelques secondes avant de le jeter à l'aveuglette en arrière. Il recommença. Deux fois, trois fois, et bien plus encore. Il sentait sa colère monter au fur et à mesure que ses mouvements devenaient de plus en plus frénétiques. Il savait que ça mettrait le jeune homme hors de lui. C'était bien le but d'ailleurs. Mais il avait également besoin de se défouler, de faire passer la tristesse et la haine qui l'assaillaient depuis ce matin. Non, depuis des mois. Il n'en pouvait plus! Il fallait que ça sorte, vite! Et l'inévitable arriva. Ses lèvres s'entrouvrirent légèrement, ses yeux se plissèrent violemment. Un cri strident s'échappa de sa gorge et ses poings fermés s'abattirent sur le mur tandis qu'il baissait la tête, se recroquevillant sur lui-même. Tout sortait enfin, tout. C'était douloureux et pourtant tellement agréable... Son hurlement résonna un moment sur "l'île livre", faisant s'envoler au loin les oiseaux de papier qui s'étaient cachés quelques minutes plus tôt. Ça avait eu le mérite de calmer toute la population d'Atlas. Et peut-être d'en alerter d'autres. Peu-importe. Ça lui avait fait diablement du bien.
Son corps se figea alors. Il avait l'impression que plus rien ne l'entourait, qu'il était là, debout, dans un néant, juste du vide. Plus de problèmes, plus de peur... Mais c'était impossible. Aussi fragile que les ailes d'un minuscule papillon, cette quiétude vola en éclat. Rien est éternel. Sauf lui. Lui il virait aussi longtemps qu'il le désirerait afin de mener ses objectifs à bien. Et personne ne lui résisterait, personne. Il gagnerait également Ina. Il saurait le faire, il le savait. Ou pas.... Son regard se braqua alors soudainement sur Pan. Écarquillé et terrifiant. Puisqu'il se plaisait à lui faire la leçon, il pourrait peut-être lui dire lui! Oui! Voilà une idée! Qu'il mette enfin à l'épreuve ses connaissances! Si Katter ne le faisait pas alors lui il le ferait! Il s'approcha de lui à grands pas et plaqua ses mains sur chacune de ses joues, le rapprochant de lui, les yeux glacées, les lèvres pincées.


"Toi qui sait tout, ou qui crois tout savoir, exactement comme ton stupide mentor! Dis moi! Dis moi pourquoi je n'y arrive pas! Qu'est-ce qui cloche chez moi?! DIS LE MOI!"

Ses ongles s'enfoncèrent légèrement dans la chair de ses joues tandis qu'il le regardait fixement. Sévère et perdu à la fois. Et, voyant qu'il n'obtenait rien de probant, il le relâcha et le poussa en arrière, ses bras retombant mollement le long de son corps. Il baissa la tête, son regard noir brillant derrière ses mèches rousses.

"Réponds."

Ce n'était pas une demande. Oh non... C'était un ordre.
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MessageSujet: Re: Jamais deux sans trois? [Pv Conteur][CLOS]   Jamais deux sans trois? [Pv Conteur][CLOS] EmptyMer 14 Déc - 8:26

Je suis figé. Le cœur au bord des lèvres. J'ai presque envie de vomir. Je pince mes lèvres pour ne rien faire, qui sait ce que ce corps pourrait faire si je n'y faisais pas attention ? j'ai beau feindre, je sais parfaitement que je ne suis pas calme, pas calme du tout. Et, je me répète, encore en encore, ça m'énerve. Est-ce sa faute ou la mienne si tout ce que je peux faire en sa présence, c'est ne plus bouger et perdre mon calme ? Pourquoi ?
Mais je ne peux pas pousser plus loin mes incessantes questions, je vois sur son visage la haine monter. J'ai peur. Pas au maximum, je me connais trop pour ça, mais j'ai peur quand même. Qui sait ce qui peut se passer dans ce crâne ? Quelles pensées tordues à souhaits se transmettent entre ses neurones ? Je passe mon temps à me poser des questions. Je ne me suis jamais senti aussi ignorant. Et ça m'agace. Car je sais que l'Être qui se trouve en face de moi en sait beaucoup plus. Il a créé ce monde après tout. Mais il n'est pas Dieu pour autant. Il le sait bien sûr. Et c'est pour cela qu'il veut le cœur.
Je sais que mes pensées dérivent dans le même sens que les siennes pour le moment. Où veut-il m'emmener ? Et en a t-il conscience ? Il sait que nous autres, Savant bibliophile, voulons garder Atlas à tout prix. Et que la Reine veut le détruire. Donc il sait aussi qu'à un moment ou un autre, nous devrons nous allier à lui...Ou aux pirates. Peut être même tous contre la Reine. Et le Conteur le sait. Katter aussi. Il faudra qu'on en parle je pense.

Mais je n'ai plus le temps de penser, le Conteur est près des livres. Au ralentit, je vois sa main en saisir un et le jeter. Un coup de poignard dans mon cœur. Un autre vole. Un autre coup. Je pense que je lui cris d'arrêter une bonne centaine de fois. Ou peut être l'ai-je rêvé, car je ne sais plus si ma bouche s'ouvre ou si mes dents, serrées au maximum laisse passer un son. Un autre encore. Et chaque fois, la même douleur. C'est un peu de moi qu'il lance. Ces livres, je les ai tous lus et relu pour certain même. Ils sont aussi dans moi.

-Arrête !

Mais ma voix n'atteindra jamais ses oreilles. Ni les miennes d'ailleurs. Car elle se perd...non, elle se détruit dans le cri du Conteur. les mots me manquent. J'ai la sensation qu'on me perce les tympans à coup de millier d'aiguille, encore et encore. C'est horrible. Le son déchire tout, l'air y compris. Il rebondit contre les murs et s'élève toujours plus haut pour aller se perdre dans les hauteurs. J'ai l'impression de mourir. Plusieurs fois. Et puis le silence. Il est presque trop irréel après ce cri trop instable. Ce silence me fait presque aussi mal que le cri. Lui, il bourdonne dans mes oreilles comme un essaim de frelon.
Et je n'ai pas le temps de vraiment souffrir. Le Conteur est déjà près de moi. Il est si près que je pourrais le toucher en tendant à peine la main. Je sens son odeur. Il sent bon. Je ne saurais mettre de nom dessus. Mais il sent creux aussi, ce n'est pas sa vrai odeur, mais celle de gels douche, savon et autre. Il se cache, encore et toujours. En fait, il n'a peut-être même pas d'odeur.
Ses mains se plaquent sur mes joues avec un claquement sec. Je sursaute. Ses mains sont si douce ! Ce sont des mains qui n'ont jamais travaillées. J'en ressens presque un peu de mépris pour lui qui ne connait pas l'effort physique. Qui n'a jamais eu les muscles si tirés, si fatigué qu'on a l'impression de mourir. Moi, mes mains sont cornées. J'en ai sur les paumes, entre le pouce et l'index, même sur les doigts. Des restes des travaux des champs. Cela remonte à bien longtemps, mais pourtant, ça reste.
Je ne sais pas comment on peut rester stoïque devant un tel regard. Même si je détruisais Atlas, Katter n'aurait pas dans les yeux ce mélange de haine et de froideur.

"Toi qui sait tout, ou qui crois tout savoir, exactement comme ton stupide mentor ! Dis moi ! Dis-moi pourquoi je n'y arrive pas ! Qu'est-ce qui cloche chez moi ? ! DIS LE MOI !"

Ses ongles s'enfonce dans mes joues, c'est douloureux. Très. Mais le son de sa voix qui me perce les tympans l'est tout autant. C'est pourquoi je n'ai pas de temps à accorder à l'insulte de mon Maître.

"Réponds."

Il est encore plus effrayant que quand il crie. Je comprends maintenant beaucoup mieux pourquoi il est toujours un grand dirigeant de Dreamland (je me répugne trop à dire qu'il en est le maitre) . Il faudrait être fou pour lui désobéir. Et je ne suis pas fou. Juste terrorisé. C'est affligeant d'ailleurs, beaucoup d'enfants se sont enfuis et je dois être le seul à avoir aussi peur de lui. Et je pense que c'est parce que je vois assez bien jusqu'où il peut aller...c'est-à-dire loin. Vraiment très loin. Mais pas que. Je sais aussi que je ne suis pas quelqu'un d'agressif. Face à ce genre de personnage, on a le choix. La haine, ou la peur. Je ne suis pas quelqu'un de haineux. J'ai juste peur. Plus que peur même.
Alors, puisque je vais lui répondre, autant bien y réfléchir. Un mot de travers et...Mais je n'ai pas l'intention de lui mentir, car je sais qu'il le saurait. Je vais donc réfléchir. Je suis plus doué pour ça. Avec un peu de lourdeur, car mes genoux trembles, je me laisse tomber à terre.
Et je réfléchis. Et je réfléchis. Et je réfléchis. Et je réfléchis. Et je réfléchis. Et je réfléchis. Et je réfléchis. Et je réfléchis. Et je réfléchis. Je réfléchis pour trouver la meilleure réponse à ma portée. Je place mes mots, les déplaces, les replaces. Je fais avec tout ce qui est à ma portée. C'est-à-dire pas grand-chose de concret.
Et j'ouvre enfin la bouche.

-C'est parce que tu es comme ton monde. Tu n'es ni complet, ni totalement réel.

Je me tais un peu, sans jeter le moindre coup d'œil au Conteur. Je ne veux pas savoir ce qu'il pense.

-Je pense que tu n'arriveras à rien si tu restes comme ça.

Ma phrase, murmurée pourtant semble résonner avec force, mais c'est peut-être mes oreilles, qui siffle encore sous le cri du Conteur, qui me font sentir ça. C'était présomptueux de ma part. Car à part pour le Cœur, je n'avais aucune idée des plans du Conteur. Mais c'était ma seule conclusion. Je vais mourir. Un long silence plane et m'enfonce dans l'idée que ce fou va me tuer. Toujours assis je me recul un peu et lentement, je lève mes yeux vers les siens et essaye de chercher la moindre décision dans ces trous noirs.
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MessageSujet: Re: Jamais deux sans trois? [Pv Conteur][CLOS]   Jamais deux sans trois? [Pv Conteur][CLOS] EmptyJeu 22 Déc - 17:34

Incomplet.

Le mot résonna jusque dans les moindre parcelles de son corps. Allons bon. Le petit commençait à se faire philosophe, il ne manquait plus que ça... Ah ça pour être réel il l'était, mais peut-être qu'une gifle le lui prouverait un peu mieux? Mais incomplet... Qu'est-ce qu'il avait voulu dire enfin?! Et qui était-il pour se permettre de lui dicter ce qui était bon pour lui?! Ah, il lui avait lui-même demandé, c'est vrai... Dreamland était réel voyons! Du moins... Il le deviendrait totalement très rapidement et ce au dépend du monde des adultes. Ses ambitions étaient bien grandes pour un être d'une si petite taille. Il comptait détruire ces horribles adultes. Pas seulement ceux de la Terre, non. Ceux qui parasitaient son monde également. Ça serait un spectacle des plus réjouissant et était bien impatient que le jour arrive. Ensuite, il y aura beaucoup plus de place pour tous les enfants du monde qu'il aurait détruit chez lui. Un monde où les enfants seraient éternellement heureux... C'était une intention tout à fait louable non?! Alors pourquoi le méprisaient-ils tous autant?! Mais ils leur rendaient bien. Une enfant devenue adulte en mal de reconnaissance, un petit orgueilleux ignorant et une pleurnicharde de service... Quel tableau pitoyable... Et tous des adultes pour couronner le tout... Et dire qu'il les avait tous connu alors qu'ils étaient encore plus petits que lui... S'il avait su il les aurait empêché de lui nuire dès le début. Ou pas. Il avait toujours été incapable de s'en prendre à des enfants. Ina n'était plus un enfant cependant... Il était déjà presque jeune homme, aussi bien mentalement que physiquement. Mais c'était surtout une bonne excuse, au fond de lui, Le Conteur le savait. Mais l'heure n'était pas à parler du beau chien crasseux...


"Je suis sûrement bien plus réel que vous tous réunis... "

Et sur ce, il se détourna du garçon pour croiser les bras. Il semblait réfléchir à son tour. Quelque chose l'avait froissé dans ce discours sans queue ni tête de gamin à peine mature. Mature. Mon Dieu! Mais il allait grandir! Oui! Ce petit allait grandir! C'était pour ça qu'il se permettait de lui faire la morale, parce que lui il allait grandir? Quoi qu'il puisse imaginer, grandir n'était pas la chose rêvée pour tous les enfants, bien au contraire. Cela demandait de lourds sacrifices. Mais soit. Que ceux qui désiraient perdre leur innocence le fasse après tout. Comment savait-il tout cela alors qu'il n'était lui-même qu'un enfant? Qu'est-ce qu'il en savait! On avait pas à contester ses dires! Non, il ne le tuerait pas. Ça serait le sauver, en quelque sorte. Il préférait revenir le voir dans quelques années, se poser devant lui, toujours aussi petit et gracile et lui dire du bout des lèvres "tu aurais mieux fais de rester, non?". Ce petit était peut-être cultivé mais il lui manquait l'essentiel, la grande leçon de la vie. Il s'en rendrait bien compte seul. Et Le Conteur attendait impatiemment le jour où il le considèrerait comme suffisamment âgé pour lui faire regretter ses paroles. A lui et à son satané mentor... Il en tuerait un devant les yeux de l'autre, peu importe lequel, tout était bon à prendre pour faire régner l'ordre à Dreamland une bonne fois pour toute. Une idée vague lui traversa l'esprit, créant un petit éclat dans ses prunelles vides d'émotions. Son Araignée allait peut-être avoir du travail dans les jours à venir.... Et se retourna vers l'enfant et se posta en face de lui.

"Dois-je te rappeler, petit génie, que vous êtes tous là uniquement parce que je l'ai voulu? N'oubliez jamais que ça marche aussi dans le sens inverse... Dès que j'aurais trouvé le cœur. Parce que je le trouverais. Et alors je.... Je..."

Et sa voix déjà quasi-inaudible sembla mourir dans sa gorge. Quand il aurait le cœur... C'était un cas de figure qu'il n'avait pratiquement jamais envisagé. Il demanderait l'éradication totale et définitive de tous les adultes. Mais était-ce réellement ce qu'il désirait le plus? Ce qu'il désirait au fond, n'était-ce pas plutôt l'amour de... ASSEZ! Les intérêts de Dreamland étaient bien plus importants que toute l'affection qu'il pouvait encore porter à ce.... Corniaud bâtard, ce sale chien sans une once de cœur, ce... Ce garçon contre lequel il avait dormi pour faire fuir ses cauchemars, celui auquel il rêvassait sans cesse lorsqu'il était dans son bain. Inanis, joli nom qu'il lui avait trouvé là... Dommage que le porteur ne l'ai pas compris dans le bon sens des choses... Le rouquin se mordit violemment la lèvre pour faire taire ces pensées trop envahissantes. Après-tout qu'est-ce qu'il y pouvait lui. L'autre avait décidé de son sort. Il se décida enfin à baisser les yeux vers le sale gamin, ignorant la chaleur qui gagnait ses joues ainsi que l'effet que cela pouvait donner sur son visage vu d'un œil extérieur. Il lui ressemblait un peu. Juste un peu mais cela suffisait à déstabiliser Le Conteur. Il lui parlait presque de la même manière, les insultes en moins heureusement pour lui. Car si le rouquin n'avait dans ces moments que l'envie de l'éteindre quitte à l'en briser et de pleurer contre son épaule, n'importe qui d'autre méritait le plus atroce des sorts. Il s'accroupit alors devant le jeune homme, époussetant doucement sa robe avant de glisser une main sur le haut de sa tête, ébouriffant sa chevelure de jais avec un sourire presque maternel.

"Je déteste les petits comme toi qui croient tout savoir. Je ne suis pas incomplet, et je ne changerais pour les beaux yeux de personne. Et surtout pas pour ceux d'un petit moralisateur de pacotille. Fais bien attention à ton stupide maître, je risque de lui envoyer une surprise dans peu de temps..."

Pourquoi dévoiler ouvertement cette envie morbide? Et bien pour lui faire peur, tout simplement...
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MessageSujet: Re: Jamais deux sans trois? [Pv Conteur][CLOS]   Jamais deux sans trois? [Pv Conteur][CLOS] EmptySam 31 Déc - 10:05

Mes yeux s'écarquillèrent légèrement devant la réponse et ma bouche s'ouvrit un peu dans un demi-sourire ébahi. cette réplique...c'était celle d'un enfant ! D'un tout petit enfant qui a tort, qui le sait et qui ne veut pas le dire. Il...ça contrastait avec tout ce qu'il disait depuis le début presque. Bien sûr, je savais plus ou moins avoir affaire à une sorte d'enfant pourri gâté mais à ce point...Ca me laissait sans voix je l'avoue. Il n'aurait pas été aussi dangereux, j'aurais ri, j'en suis sûr. Mais c'était presque une demande de mort avec ce personnage.

Sur cette phrase, le Conteur me tourna le dos, les bras croisés et cela ne fit que renforcé l'image d'un petit garçon vexé. Pour tout vous dire, à le voir comme ça, j'aurais presque envie de me lever de lui frotter la tête en riant gentiment, comme avec un petit frère. Mais j'ai affaire au Conteur, rappelons-nous ce détail. De toute manière, le voilà déjà qui se retourne et que me toise. Depuis sa phrase, beaucoup de la peur que j'éprouvais pour lui est tombé. Sur terre, j'aurais dis que c'était un miracle, mais ici...Qu'importe, maintenant, il ne me fait presque plus peur. Tant que je ne regarde pas dans ses yeux bien sûr.

"Dois-je te rappeler, petit génie, que vous êtes tous là uniquement parce que je l'ai voulu ? N'oubliez jamais que ça marche aussi dans le sens inverse... Dès que j'aurais trouvé le coeur. Parce que je le trouverais. Et alors je.... Je..."


Mes yeux s'ouvrirent encore plus. Je ne savais plus quoi penser, tout venait de prendre une tournure à laquelle je ne m'attendais absolument pas. J'avais toujours pensé qu'il avait des idées bien précises sur ce qu'il ferait avec le Coeur et pourtant...Le voir perdre la face m'avait chamboulé et ça ne me plaisait pas du tout. C'était ma peur ! Mon cauchemar. Il ne pouvait pas se montrer faible et hésiter. Je ne devais pas avoir peur d'une personne qui... Un autre que moi aurait surement tourné cette situation à son avantage, il se serait moqué ou autre, mais moi je ne fis rien, le visage dur et les lèvres un peu pincé je regarde mon idée du Conteur tomber en morceaux à mes pieds. C'est une expérience des plus dérangeante. Je ne sais plus quoi dire ou faire. Alors, moi je reste là, à le regarder, sans un mot, cherchant une explication à la rougeur qui gagnait ses joues. La colère, surement.

Brusquement il s'accroupit face à moi. Instinctivement, je bande mes muscles, près à fuir. Que d'illusion ! Il me fait toujours aussi peur. Quel imbécile je fais. Sa main se lève, presque au ralentit et je la vois lentement se poser sur ma tête. Il m'ébouriffe la tête. Je trésaille. Il m'ébouriffe la tête comme j'ai voulu le faire avec lui il y a quelques instants. Les rôles sont inversés et cela m'apprend une chose. Le Conteur aussi est vieux malgré son attitude. Car comme je l'ai imaginé tout à l'heure, celui qui ébouriffe la tête se sent plus grand, plus vieux que l'autre. On ne verra jamais un gamin ébouriffer la tête de son père ou de son frère. Le Conteur sans le voir vieillit lui aussi. Pas physiquement bien entendu, mais dans sa tête. Même la folie vieillie.

"Je déteste les petits comme toi qui croient tout savoir. Je ne suis pas incomplet et je ne changerais pour les beaux yeux de personne. Et surtout pas pour ceux d'un petit moralisateur de pacotille. Fais bien attention à ton stupide maître, je risque de lui envoyer une surprise dans peu de temps..."

Après toutes ces preuves de faiblesse ou de je-ne-sais quoi d'autre, sa phrase n'a pas l'effet escompté. Elle me fait à peine peur en fait. Cela ressemble à une revanche ridicule, comme la première phrase. Il veut avoir le dernier mot dans l'histoire en fait. Gamin. Mais gamin vieux quand même. Le Conteur est un paradoxe à lui tout seul. Et bien soit. Je m'en fiche moi au fond, qu'il le garde son dernier mot, je le lui laisse bien volontiers. Qu'il aille le prendre au diable son foutu dernier mot.

Mais pourtant... Un doute me tiraille, je me connais trop bien pour ne pas le savoir. Tout ce qui touche au Maître me fait dresser l'oreille. Encore plus quand c'est le conteur qui parle. Des doigts se plantent dans le sol lentement et si une ombre de sourire était restée sur mon visage, maintenant, elle est tout à fait partie. N'importe qui serait devenu paranoïaque avec le Conteur pour ennemis. Finalement, je dois m'y résoudre, la phrase de Conteur, si elle n'a soulevée qu'un doute au début, au fil de mes pensées elle a provoqué une nouvelle vague de crainte. Elle a parfaitement eu l'effet escompté. Et ça m'énerve. Il a bien eu le dernier mot et il l'a eu avec brio.


-Va t'en.


J'ai à peine murmuré, mais je sais qu'il m'a parfaitement entendu. Et je sais aussi qu'il ne se fâchera pas devant ma phrase, car ce n'est pas un ordre, mais une supplication. Je ne veux pas de lui ici, il me fait devenir un gamin pleurnichard et peureux. Et bien je que je sache être comme ça au fond, je le hais pour avoir réussi à le faire sortir.


-Va t'en !
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MessageSujet: Re: Jamais deux sans trois? [Pv Conteur][CLOS]   Jamais deux sans trois? [Pv Conteur][CLOS] EmptyMer 4 Jan - 13:35

Oh. Mon. Dieu. Mais... Mais comment osait-il?! Comment cet être ridicule, aussi insignifiant qu'une misérable fourmi, osait-il lui parler sur ce ton? Calme. S'il n'avait pas été un enfant il l'aurait... Il se contenait à grande peine, serrait les poings, les lèvres pincées. La rougeur qui s'était installée sur ses pommettes suite à quelques pensées agréables se changea en rouge colère. Haine, haine, haine. Pour ce stupide gamin. Pour son imbécile de maître, pour tous les habitants nuisibles qui pourrissaient son monde. Mais surtout pour cette horrible situation. Il avait l'impression de tanguer entre haine et amour à chaque minute de la journée. Pourquoi? Pourquoi Ina lui faisait-il vivre cet enfer? A bien y réfléchir, c'était sûrement une sorte de vengeance. Ces derniers temps il n'osait même plus aller le voir. La moindre insulte, le moindre haussement de ton et il avait peur de craquer. Et le beau cabot ne devait absolument pas le voir comme ça. Connaître la faiblesse de quelqu'un pousse à en profiter à l'avenir. Il se mordit violemment la lèvre. Oui, il avait perdu confiance en son doux Inanis. Il avait voulu partir. Il avait voulu le quitter. Et le pire, c'est que s'il ne l'avait pas surpris à préparer ses affaires, il ne l'aurait pas prévenu. Il serait parti sans lui dire un mot. Et ça, oui, ça, ça c'était le plus douloureux. Il l'aurait abandonné comme s'il n'avait été qu'une simple poupée que l'on jette. Aux yeux du garçon, il n'était rien de plus qu'un objet. Rien de plus. La patience du Conteur sembla s'ébranler à cette pensée et il fronça les sourcils, une vague expression d'affolement et de colère s'installa sur ses traits poupons.

"Toi vas t-en. Ici c'est chez moi, pas chez toi. Vas t-en! VAS T-EN!!"

Ses poings se serrèrent et une petite colonne de pages se froissa pour s'élever non loin de lui. Il ne bougerait pas. Ici c'était son monde, sa maison. Il s'éloigna du garçon et vint s'assoir presque gracieusement sur la pile de feuilles, aussi léger qu'un papillon de soie. Il attira un livre à lui, ce dernier ne résista même pas, certainement effrayé par l'atmosphère glaciale qui pesait dans la pièce. Le rouquin l'ouvrit sans commencer par le début. Il ne lisait pas. Non. Il était trop troublé pour lire. Il avait juste besoin de faire mine pour que l'autre cesse de l'ennuyer. Il avait mal. Il se sentait.... Il ne se sentait pas à sa place. Et pourtant! Pourtant cet endroit il l'avait créé comme les autres, c'était une partie de lui-même! Mais... Mais... Mais même dans sa propre chambre maintenant, ce sentiment de malaise demeurait... Il manquait quelque chose. Oui, il manquait ses bras. Ses grands bras réconfortants. Bien qu'il soit retissant à les lui offrir, ça avait toujours été une joie pour Le Conteur de sentir la main de métal se glisser dans son dos. Maintenant, la seule chance que cela arrive à nouveau c'était qu'il décide de le lacérer... Ses mains se mirent à trembler sur les pages du livre qu'il fini par lâcher. L'ouvrage ne se fit pas prier pour fuir le plus loin possible du monstre innocent qui se courba en avant. Il aurait pu hurler. Il aurait pu recommencer ce manège d'enfant capricieux. Mais il ne s'en sentait même plus la force. Alors sans trop savoir pourquoi, il s'adressa à l'autre qu'il espérait au fond être encore là.

"Tu me déteste? N'est-ce pas... Comme les autres... Est-ce que tu sais au moins pourquoi?... A chaque fois que j'essaye de faire le bien... Que je veux aider une personne... Elle fini inexorablement par me haïr. Même toi. Je ne t'ai vu que quelques minutes et toi tu me hais déjà... Anil... C'est ton nom. J'espère au moins que tu t'en souviens parce que je ne te l'ai pas pris... Tu n'as aucune raison de me détester..."

Son regard inerte scrutait le vide. Ses pieds s'agitaient mollement sous lui. Il ne savait même pas pourquoi il parlait. Comme si l'autre en avait quelque chose à faire après-tout. Ils s'en moquaient tous. Mais au final, ils ne valaient pas mieux que lui. Ils était aveuglés par leur haine. Comme lui. Exactement comme lui. Alors qui étaient-ils pour juger? Des coupables qui se permettaient d'en pointer un autre du doigt! C'était d'un risible au fond! Mais il n'était pas certain d'être capable de rire. Il n'avait pas eu l'ombre d'un sourire devant ce gamin qui gardait son territoire comme un bon toutou bien éduqué par son maître. Et il n'en aurait certainement pas en constatant l'amer et triste vérité. Cette situation était tout simplement grotesque.

"Alors... Vous tous... Vous tous qui vous permettez de cracher votre venin sur moi... Que croyez vous enfin?! Que je ne ressent pas? Et bien vous vous trompez... Ça fait mal, mal, mal! Moi aussi je souffre, comme vous! Vous me haïssez parce que je hais. On peut aller très loin comme ça."

Sa voix tremblait légèrement sur ces derniers mots.

"J'ai oublié comment on faisait pour vivre. Et ça aucun de tes livres ne pourra me l'apprendre. Et crois moi quand je te dis que vous préférez me voir comme ça..."
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MessageSujet: Re: Jamais deux sans trois? [Pv Conteur][CLOS]   Jamais deux sans trois? [Pv Conteur][CLOS] EmptyLun 23 Jan - 16:08

[HJ: pardon pour le retard et aussi pour cette petite réponse >< ]

Que faire ? C'est la question qui me trotte dans la tête depuis qu'il m'a répondu. Que faire ? Je vous l'ai dit, je ne suis pas quelqu'un de méchant, je ne sais pas détester. Et à la voir comme cela, je commence à comprendre que je ne peux pas détester le Conteur. Pas quand il est dans cet état. Mais je n'ai pas le choix. Car si je lui accorde la moindre compassion, je serais de son côté. Et Katter passe avant. Avant tout. Alors, je me relève, un peu triste malgré tout.

-Tu veux faire quoi avec ta tirade ?

Ma voix n'a pas tremblé. C'est normal, je joue un rôle. Et je connais mes répliques par cœur. Ma phrase est sèche, sans sentiment. Juste méchante. C'est ce que je voulais. Mais je ne vais pas mentir, ça me fend le cœur. Pourquoi ? Il y a encore quelques instants, j'étais sur de le détester ou du moins d'être totalement phobique de lui et maintenant, je suis presque triste d'être méchant avec lui ?

Pour ne pas risquer de m'excuser ou de regretter, je repense très fort à la cicatrice de Katter, celle qui avance de sa main à son bras. Je l'ai de nombreuse fois parcourue du doigt quand j'étais plus jeune, tellement étonné de voir ça sur mon Maitre qui était, non, qui est, toujours parfait. Il me l'a dit, que c'était en partant de chez le Conteur qu'il l'avait eu. Cela me suffit. Je sens une colère monter jusqu'à mon cerveau, mais je la stoppe avant. Il ne faut pas que je la perde cette colère, pour ne jamais retrouver cet état de doute qui vient de m'assaillir. Je vais la couver comme un joli feu, ni trop fort, ni trop faible.

-Pars. Va-t-en. Dégage.

C'est une vois dure que j'ai pris. Je n'irais pas jusqu'à dire sans-appelle, ne soyons pas fou, mais c'est indubitablement un ordre. Cela peut-être étonnant de ma part, mais je joue un rôle comme je vous l'ai dit, ce n'est pas vraiment moi qui dit cela. Il n'empêche que c'est sorti de ma bouche. Je fixe soudain le Conteur dans ses yeux, mais cette fois, je ne tente même pas de lire dedans, je me persuade mentalement qu'il s'agit juste de deux globes oculaire et sans même m'en rendre compte, je récapitule mentalement tout ce que je sais sur les yeux. Je repasse leurs capacités, leurs formes, leurs couleurs, leurs mécanismes, tout, sans exception. Je suis en train disséquer de ma pensée ma phobie. Oui. Ce ne sont que des yeux. Et ils ne peuvent rien me dire. Ni ni la folie, ni la tristesse ni rien d'autre de ce qui habite le Conteur. Je le fixe donc, les sourcils froncés. C'est rare chez moi, de les froncer de la sorte.

- Barre-toi !

Raté. J'ai les larmes qui coulent. De tristesse ou de rage ? Aucune idée. Un bon mélange des deux je pense. Que faire. Je voudrais tellement qu'il parte ! Pour le moment, c'est mon voeu le plus cher. Je ne suis pas quelqu'un d'un impulsif, je suis même carrément passif. C'est pourquoi il ne faut pas que je revois le conteur une troisième fois, car je ne suis pas sûr de ce que je deviendrais. J'étais si sûr de moi et maintenant, je ne sais plus rien. Non, il ne faut surtout pas que nos chemins se croisent de nouveau. Car, si un tel moment arrive, je serais incapable de garder mon sang froid si cela pourrait tout compromettre.

Qu'est-ce que je vais faire ? Le Conteur se tient devant moi et je n'ai aucune idée de la manière dont il va réagir. Finalement, il n'y aura peut-être pas de troisième fois, de manière définitive...Non. Je n'ai pas le droit de mourir. Katter compte sur moi. Je bande donc mes muscles, prêt à réagir au moindre geste. Du moins j'espère.
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MessageSujet: Re: Jamais deux sans trois? [Pv Conteur][CLOS]   Jamais deux sans trois? [Pv Conteur][CLOS] EmptyDim 5 Fév - 13:55

Et il pleure. Il pleure ce ridicule gamin. Lui aussi il a envie de pleurer. Mais lui, il a la décence de se retenir. Peut-être parce qu'il sait que s'il le fait, il noiera tout Atlas dans une marrée de boue noire. Mais malgré tous les parasites qui y vivaient, il avait du respect pour cet endroit. Après-tout, il l'avait créé de ses mains. Du moins... De son esprit plutôt... Mais Le Conteur savait. Il savait qu'un jour il devrait faire des sacrifices. Pour ses enfants... Il savait également que l'autre ne le haïssait pas. Pas totalement en tout cas. Il ne lui avait pas nuit, alors n'avait aucune raison de le détester. Et sa précédente déclaration y était sans doute pour beaucoup. Car pour une fois, le rouquin n'avait pas mentit. Non. Il avait été d'une sincérité et d'une amertume peu habituelle. Mais il pouvait bien le détester s'il le désirait au final, Le Conteur s'en moquait totalement. Il ne voulait pas de sa compassion, pas de la sienne, non... Le jeune garçon s'évertuait à le forcer à partir d'ici, s'en devenait presque ennuyeux à la longue. Son interminable chevelure s'était déjà enroulée autour du livre tombé au sol pour aller le reposer plus loin sans qu'il ne la commande. Cela arrivait parfois. Quand son esprit était tellement embrouillé qu'il ne pouvait plus penser raisonnablement, il déplaçait ou faisait bouger certaines choses sans s'en rendre réellement compte.
Mais pour l'heure il ne voulait plus penser. Penser, c'était souffrir. Et souffrir, c'était mourir un peu. Un peu plus chaque jour. Non. Non ça ne pouvait plus durer. Quand il rentrerait, il prendrait son courage à deux mains. Quand il se sentirait prêt, il descendrait le voir, tout lui dire, lui avouer sa peur, sa tristesse de le savoir l'abandonner. Et serait sincère, à nouveau. Il s'en faisait l'intime promesse... Mais il refusait d'imaginer ce qu'il se passerait ensuite... Ce n'était pas de l'ordre du présent pour le moment. Il aviserait l'instant venu. Le Conteur se releva lentement, le visage redevenu totalement neutre. Oh oui.... Qu'il le déteste. Cela ne faisait que le rendre plus fort chaque jour qui passait, la haine des autres ne faisait qu'attiser sa folie et ses pouvoirs. Alors il déclara d'une voix froide et coupante.


"Tu es pitoyable... Vous êtes tous lâches, vous préférez tous me haïr plutôt que de voir la vérité en face.... Je vous plaint"

Et là aussi il était sincère. Ils pensaient tous être dans le vrai en le haïssant pour ses erreurs, mais n'étaient-ils au final pas les bourreaux d'une seule âme égarée? Qui avait raison, qui avait tort? Seul un spectateur extérieur pouvait le dire. Mais à Dreamland, il n'y en avait aucun. Le cœur de chacun penchait toujours un peu plus dans un camp ou dans un autre. Ce qui le différenciait des autres, c'est qu'il était peut-être celui qui s'inquiétait le plus de voir disparaitre ses protégés. Enfin... Après-tout il ne connaissait pas les relations que pouvaient entretenir ce gamin, par exemple, avec ce vieux fou Katter. Qu'adeviendrait-il de ce qu'ils entretenaient tous avec leur maître lorsqu'ils seraient devenus adultes? Le lien se briserait-il? Ou bien n'en serait-il que renforcé? Le Conteur ne connaitrait jamais les réponses à ces questions. Car ni lui, ni L'Araignée ne pourraient jamais grandir. Ils resteraient à jamais avec ces corps juvéniles et asexués. Bien qu'il lui arrivait parfois de penser que la grande rouge semblait être quelque peu plus... Mature... Était-ce dû à ses longs cils ombragés ou à son corset toujours serré au maximum? Difficile à dire. Mais cette impression restait toujours gravée quelque part dans sa tête. Il passa devant l'adolescent sans même le regarder. S'il voulait détester, il devrait en assumer les conséquences. On ne hait pas sans répercutions par la suite.

"Tu es mauvais comédien. Très mauvais. Mais un jour, tu finiras pire que moi."

Mais s'il y tenait tant que ça, Le Conteur allait lui donner une bonne raison de lui en vouloir.

"Tu deviendras UN MONSTRE!"

Lorsqu'il cria les derniers mots, ils résonnèrent dans la clairière de papier. Il allait devenir un monstre oui, exactement comme lui. Et lorsque cela serait fait, peut-être que le rouquin serai disposé à l'accueillir chez lui. Peut-être. Il se dirigea vers la sortie de l'endroit, de là où il était arrivé. Sur son passage, une avalanche. Tous les livres s'effondraient, tombaient de leurs étagères, venaient se fracasser contre le sol. Oh, évidemment que c'était mal. Évidemment que cela allait faire du mal au pauvre petit cœur du garçon. Mais c'était exactement l'effet recherché. Qu'il comprenne ce que la haine qu'il essayait de préserver coûte que coûte pouvait engendrer. La destruction, seulement la destruction et les larmes. Et alors que ses pas se faisaient de plus en plus lointains et que les ouvrages continuaient de pleuvoir, Le Conteur se mit à chantonner faiblement dans le couloir, les lèvres restées closes.

Il savait que tôt ou tard, le garçon paierait pour cet affront.
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MessageSujet: Re: Jamais deux sans trois? [Pv Conteur][CLOS]   Jamais deux sans trois? [Pv Conteur][CLOS] EmptySam 25 Fév - 19:03

Il semble jouer avec moi, passant de geignements d'un enfant à la langue infecte que je lui connais. Se moque t-il de moi ? Est-il la victime ou le bourreau ? Je ne sais pas. J'inspire longuement, prenant le temps de gouter l'odeur si caractéristique des vieux livres. C'est fou comme elle me rassure. Car avec lui, avec le Conteur, je ne sais plus où j'en suis, me sentant injuste et méchant puis dans mon droit. Mais le fait de sentir l'odeur des livres me rassurent, oui, car je sais au moins que je suis là chez moi, qu'il y a les livres, Katter, Lily et tous les autres Savant Bibliophiles.

Oui ça me console, mais pas assez pour supporter cet immonde gamin aux allures de poupée. Il lance une deuxième phrase sur mes talents de comédien. Je serre les dents. Un jour, j'avais lu dans une phrase que j'aurais aimé avoir le courage de redire. Le train de tes insultes roule sur les rails de mon indifférence. Mais bien sûr, je n'oserais jamais, au grand jamais, le lui dire en face. J'essaie de relâcher ma mâchoire mais ça me fait presque mal. Je baisse la tête, fixant ses pieds et les miens, comptant avec un drôle de méthodisme la distance qui nous sépare et qui, après réflexion, est trop petite. Mais tout sera toujours trop petit en même temps.

Je relève vivement la tête. Je finirais pire que lui ? Comment cela ? Que veut-il dire ? Avant que je puisse dire quoi que ce soit, bien que l'idée ne me tente pas vraiment, il me crie au visage.


"Tu deviendras UN MONSTRE !"


Et sa voix me glace le sang. Comme au tout début. Elle me gèle, elle rentre dans ma peau, dans les os et me traverse avec une force qui me laisse tremblant, je sentirais presque mes os résonner. Je suis mort de peur. Il y avait un ton si inéluctable dans sa voix, une telle haine, il avait l'air si sûr de lui. Mais non. Jamais. JAMAIS ! Tu entends espèce de salopard ? Jamais je ne deviendrais pire que toi. Je ne suis pas comme toi, je suis bien mieux. N'est-ce pas ? Oui, c'est obligé, je suis mieux que lui. D'où lui vient cette certitude ? En tout cas, jamais elle ne se réalisera. Je n'ai pas en moi la fibre d'un monstre, oh non.

Fière comme tout il repart, faisant bien sûr tomber les livres derrière lui, comme un ultime pied de nez. Et celui-ci m'atteint en plein coeur, autant pour les livres tombés que je vais immédiatement reposer, autant pour la mesquinerie de son geste. Mais celui-ci me rassure presque, il est bien ce monstre qu'on décrit, ce monstre que je suis sur d'avoir vu. Oui, il ne peut plus me tromper, je le sais et je grave cette certitude dans toutes les fibres de mon corps. Le Conteur est mauvais. Mauvais. Mauvais. Mauvais.

Quelques livres dans les bras, je regarde dans la direction qu'il a prit pour partir en plissant les yeux, peut être pour voir si je l'apercevais encore. Non, il est bel et bien partit. Comme un mauvais rêve. J'esquisse un sourire et le geste me parait presque incongru. Cette rencontre qui m'a semblé durer un million d'année avait faillit me faire oublier ce geste. Lentement, je replace les livres dans leurs étagères avec quelques mots réconfortant que j'écoute à peine. J'ai la tête ailleurs. Dans un ailleurs sombre que le Conteur a créé, ou réveillé, mais je m'efforce de ne pas penser à cette possibilité. Je secoue la tête pour m'en sortir.

La rencontre avec le Conteur a été comme un ouragan. Je me sens immensément vide et j'ai envie de pleurer. Dans les brumes du souvenir, je me rappelle avoir déjà sentit cette sensation de calme et de désespoir, quand les gosses avec qui je volais parfois me frappaient et repartait avec le butin. Non, ce n'est pas la même sensation finalement. Là, je suis plus calme, j'ai moins honte. Je me laisse tomber à terre et je m'allonge, tête tournée vers le plafond, les bras en croix.

Et je pleure. Je pleure, comme pour me purger. Je cris un peu même temps. Ce sont des pleures de fin du monde, mais ils me consolent. Je pleure ainsi longtemps. Peut-être des minutes entières, des heures, des jours, des années, des vies. Je ne sais plus trop. Puis ils ralentissent, deviennent plus calme. La vue embuée de larmes, je souffle. Un grand coup. Je vide tout l'air de mes poumons et reste quelques secondes comme ça. Puis j'inspire, j'inspire tout ce que je peux. Là c'est bon. Je suis calmé. Les idées plus ou moins claires, mais je m'en fiche. Ça va mieux. Un moment, je veux des bras pour me serrer, ceux de Katter peut être mais finalement non. Je suis mieux tout seul pour le moment. Je ferme les yeux. Et je m'endors.


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